EN 2021, SOUS LA DIRECTION DE CHANTAL ZAOUCHE GAUDRON, LA CNAF A MENÉ UNE ENQUÊTE POUR CONNAÎTRE L’ÉTAT DES LIEUX DE L’ACCUEIL DU JEUNE ENFANT EN SITUATION DE PAUVRETÉ. PARTANT DE CE CONSTAT, LE FURET S’INVESTIT, PAR LA FORMATION, DANS CETTE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ.
En France, 2800 000 enfants appartiennent à des familles vivant sous le seuil de pauvreté.
Une étude pour lutter contre les inégalités
L’étude de la CNAF établit un état des savoirs sur la question de l’accueil, en France, des enfants de moins de 3 ans et de leurs familles en situation de pauvreté. Elle s’appuie sur des travaux de recherche nationaux et internationaux, issus de diverses disciplines. Le contexte en est la lutte contre les inégalités. Les questions de départ peuvent s’énoncer ainsi :
• Quels effets la situation de pauvreté a-t-elle sur les enfants ?
• L’accueil peut-il compenser les effets négatifs ?
• Les modalités répondent-elles aux besoins et aux attentes des familles ?
Dans la première partie, les situations de pauvreté
Elles sont examinées ainsi que les
définitions, les indicateurs de mesure et la
situation de l’accueil en France. Pauvreté/ précarité, une réalité multidimensionnelle, économique, sociale et culturelle.
La pauvreté ne doit pas se définir par ce qu’une personne possède, mais par ce qu’elle peut être, peut faire et peut devenir
Amartya Sen
En France, l’accès aux structures petite enfance est inégal en fonction de l’offre, variable selon les territoires, des revenus et des situations professionnelles (horaires atypiques) des familles, de leurs représentations (conflit de valeurs éducatives, peur d’être humilié, manipulé).
Dans la seconde partie, le développement des jeunes enfants
L’analyse montre qu’une situation de pauvreté durable, associée à des problèmes d’habitat, de santé (saturnisme, obésité), de manque d’espace, perturbe peu le développement moteur, mais entraîne un moindre développement affectif (insécurité, stress), comportemental et cognitif. L’utilisation d’un mode d’accueil collectif, surtout en crèche, réduit l’écart. L’accueil des parents y apparaît de plus en plus comme un facteur important. Cependant, même si la demande d’accueil répond aux mêmes critères pour toutes les familles, recherche de qualité, possibilité d’avoir un emploi, la diversité des situations de pauvreté va influencer la décision d’externaliser la garde de l’enfant et le choix des modalités de garde, formelles (EAJE…) ou informelles (famille, voisins…). Des conditions de travail discriminatoires pour les femmes les poussent à garder leur enfant ou les contraignent à bricoler différents modes de garde. L’utilité d’un accueil est aussi évaluée différemment suivant le vécu des parents dans l’enfance, l’évitement des institutions dû à l’écart des codes langagiers et sociaux…
Dans la troisième partie, les politiques publiques
Elles sont étudiées ainsi que leurs mises en œuvre et la formation des professionnel.le.s. Vaut-il mieux une politique universelle ou une politique ciblée, une aide individualisée, sous forme d’une allocation versée à la famille, ou un soutien aux structures d’accueil ? L’un ne va pas sans l’autre. De fait une politique universelle profite aux enfants défavorisés et favorise la mixité sociale. Autre élément important : la formation des professionnel.le.s. En France, différents niveaux de formation existent : certains sont orientés vers le soin et le dépistage des retards, seul le diplôme d’EJE comprenant un projet social, éducatif donne une expertise pour prendre en charge des situations de précarité. Mais ce sont des professionnel. le.s eux.elles-mêmes en situation de vulnérabilité, engagé.e.s dans un travail de réseau où les questions de pauvreté sont peu travaillées spécifiquement. Ils/elles connaissent mal les formes et les effets de la pauvreté. Une formation générale, des intentions généreuses, mais peu d’aide pour agir face aux situations concrètes. Dans la conclusion du rapport, des pistes à la fois pour la recherche et pour les politiques publiques sont proposées, à partir des zones d’ombre repérées dans la littérature.
Que fait le Furet
Pauvreté et déploiement des formations dans l’ouest il y a un an, dans le cadre du PLAN NATIONAL DE PRÉVENTION ET DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ, un appel à projet formation des professionnel.le.s de la petite enfance a été lancé sur le territoire national à travers les commissaires régionaux à la lutte contre la Pauvreté. L’amélioration de la qualité éducative de l’accueil de la petite enfance constituant une condition indispensable de la prévention des effets de la pauvreté des enfants et des inégalités, un parcours national de formation basé sur un référentiel produit par le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) a vu le jour sur les thématiques suivantes :
•Les arts et la culture
•L’alimentation et la relation à la nature
•L’accueil occasionnel
•La prévention des stéréotypes
•Accueil de la diversité
•L’accueil des parents
•Le numérique
Le Furet a répondu présent à cette aventure Engagés dans l’actualité de la petite enfance pour inventer l’avenir, nous avons répondu à cet ambitieux projet de former 600 000 professionne.le.s et répondu à l’appel d’offre en proposant des formations innovantes dans les régions de la Nouvelle Aquitaine et des Pays de Loire, sur 4 axes de travail :
• Le langage
• Les arts et la culture
• La relation à la nature
• La prévention des stéréotypes et l’accueil de la diversité
Le Furet a été retenu pour déployer 8 formations en Nouvelle Aquitaine et 12 formations dans les Pays de La Loire. Durant les 6 premiers mois de l’année 2021, entre confinement, fermeture des structures et protocoles sanitaires, la diffusion de ces formations n’a pas pu impulser l’élan souhaité. Cependant les quelques retours isolés de professionnel.le.s de terrain ont permis de commencer petit à petit à tisser des liens et, à partir de juillet, il a été possible de visualiser les formations en Nouvelle Aquitaine et dans les Pays de La Loire. Le choix a été de construire ensemble, avec les responsables des services de la petite enfance des municipalités, la diffusion de ces formations sur une même thématique afin de créer une dynamique entre tous les réseaux des professionnel. le.s de la petite enfance de leur secteur. Crèches municipales, crèches associatives, familiales, Ram, Mam, École maternelle, centre sociaux, permettant un véritable mixage des professionnel.le.s.
Cette dynamique d’échanges et de construction de stratégies communes sur une même thématique dans un même département, favorisera, on le souhaite, un impact plus pérenne sur la qualité des accueils
Deux formations ont déjà eu lieu en Charente Maritime durant le mois de novembre :
À Rochefort, 12 professionnelles d’horizons divers se sont retrouvées pour explorer le monde de « L’expression corporelle, comme ressource pédagogique pour mieux communiquer ». De nombreux exercices ludiques d’expression corporelle, la mise en valeur d’expériences individuelles et de compétences personnelles ont créé un espace de travail d’une grande richesse. Chacune s’est enrichie de nouvelles propositions, en a expérimenté les effets sur elle-même et par voie de conséquence, sur les enfants. Allier le réel et l’imaginaire pour créer des espaces dans lesquels le corps, le geste, la voix, le regard convoquent d’autres possibles en sublimant sa propre sensibilité et celle des autres.
Prendre conscience de l’épuration pour donner la place à l’enfant et à son expression corporelle et émotionnelle. J’ai pu me sentir exister et j’ai compris l’importance d’être dans le présent avec les enfants. Cette formation hors du temps m’a permis de me recentrer sur ma pratique et de mettre en valeur la vision du monde de chaque enfant
À la Rochelle, durant deux jours, la formation « Les langages pour asseoir le langage » a permis à 15 professionnelles d’explorer et de reconnaître la dimension multimodale de la communication. Identifier les temps, les espaces et le matériel qui fait naître le langage et la mémoire du langage, autant d’outils pédagogiques pertinents pour construire la pensée. Pour chacune d’entre elles, « Habiter les mots » est devenu une proposition éducative prenant tout son sens par la mise en place d’une écoute singulière pour l’accompagnement spécifique d’enfants de toutes nationalités, horizons et histoires de vie.
Dans chacune des formations chaque participante a capitalisé des outils concrets et significatifs, pour élaborer sur son terrain d’accueil du jeune enfant, des propositions innovantes, respectueuses de la diversité des langages d’expression de l’enfance, de leurs cultures, de leurs modes de communication.
Par ce déploiement du plan pauvreté, les professionnel.le.s prennent conscience de leurs ressources propres et découvrent une nouvelle approche pour accompagner le développement des compétences des tout-petits. Il s’agit qu’ensemble, elles construisent, dans un esprit commun, à la crèche, halte-garderie, école maternelle, ou au domicile des Assistantes maternelles, des espaces d’écoute, d’accompagnement et d’opportunités sociales, culturelles et créatives de qualité.